Rythme de publication, rotation des nouveautés sur les tables des libraires, plus les années passent et plus le temps de vie des livres se réduit. Ce n’est pas une révélation. Quiconque navigue un peu dans le milieu du livre le comprend aisément et rapidement. Les grosses structures de diffusion-distribution liées aux grands groupes se gavent, asséchant la trésorerie des libraires, se payant sur les flux de marchandises, etc.
Au tout début de la chaîne, les auteurices se débattent autant qu’ils peuvent, mais il faut bien admettre qu’ils ont un peu de mal à sortir indemnes du durcissement du système. Je publie depuis 1999 et pourtant, il arrive encore que certains éditeurs me proposent des conditions indignes. 2 % de droits d’auteurs, par exemple, cette année, pour un album. C’est hallucinant !
Tout va trop vite. Et nous qui sommes le premier maillon de la chaîne, nous ne vivons pas suffisamment de nos droits d’auteurs. La chaîne est loin d’être vertueuse. Les libraires sont pris dans la vague, pas tous hein mais un nombre certain, se laissant porter par ce flux et reflux de nouveautés qui finissent rapidement au pilon. Écologiquement non plus, la situation n’est pas reluisante.
Pour éviter de sombrer, il semble logique aujourd’hui de raccourcir la chaîne, développer les circuits courts, arrêter d’engraisser les grands groupes à cause desquels nous allons dans le mur.
La crise du papier et des matières premières crée encore davantage de tensions. Et dans l’histoire, les auteurices devraient perdre une fois de plus.
J’ai pris la décision en 2019 de créer une petite structure d’édition, pour accueillir certains projets croisés ici ou là, au fil des rencontres, publier quelques-un de mes pas de côté aussi, faire renaître enfin des livres que j’ai publiés et qui sont épuisés aujourd’hui.

Cela fait de moi un auteur hybride, édité par des maisons de toutes tailles, même si ces dernières années, mon choix s’est plutôt porté sur des éditeurs de petite ou moyenne taille (La Cabane bleue, Hygée éditions) pour des raisons évidentes de proximité dans le travail, de qualité des échanges… mais prêt aussi, quand l’occasion se présente, à passer à l’autoédition.
Je dispose d’une formation dans l’édition, j’ai une petite expérience de la diffusion et un certain nombre de contacts avec des libraires qui suivent mon travail depuis plusieurs années déjà.
J’ai donc décidé cet automne de poursuivre l’aventure éditoriale en proposant la réédition en poche de deux titres conçus avec Laurent Richard, publiés il y a une dizaine d’années maintenant, indisponibles depuis un moment déjà… Les carottes sont cuites et La fin des haricots seront proposés dans une version poche. Ces deux opus annoncent la publication de la fin de l’histoire, La cerise sur le gâteau, que l’éditeur d’origine, Beluga (Coop-Breizh), n’avait pas souhaité éditer.

Il faudra attendre le printemps 2023 pour l’arrivée de la fin de la trilogie. Je prévois également la création rapide d’un véritable shop sur Internet. Je dispose d’une boutique sur ce site, ouverte encore en attendant le nouveau magasin, mais cette dernière n’est pas assez intuitive. Les productions pourront donc être achetées en circuit court, en vente directe. Ces livres seront bien entendu disponibles également chez vos libraires indépendants favoris. Si l’expérience se révèle concluante, d’autres rééditions suivront.